Ce que nous avons appris aux Pays-Bas

Le royaume des Pays-Bas est une monarchie constitutionnelle de 17 millions d’habitants. Nous avons passé environ une semaine à la parcourir à vélo en cette fin d’été 2022. Si nous avons apprécié ce pays pour son côté pittoresque, son architecture, ses moulins, ses canaux, ses villages, nous l’avons aussi détesté pour son vent sur le littoral de la Province de Zélande. Pendant ce temps, nous y avons appris plein de choses dont certaines que nous voulions partager avec vous.

Vie scolaire et style de vie

Rapidement en arrivant aux Pays-Bas, on s’est retrouvés à croiser en pleine après-midi, des jeunes à vélo. On s’est dit « l’école n’a pas encore repris ici ? Ils n’ont pas cours à cette heure ci ? ».

Les réponses sont arrivées peu après, en échangeant avec nos hôtes et leurs enfants. L’organisation scolaire aux Pays-Bas est bien différente de celle de la France. Les enfants ont école 5 jours par semaine de 7h40 jusqu’à 13h et peuvent avoir de façon optionnelle des activités extra-scolaires jusqu’à 15h. Généralement, les enfants attendent de rentrer chez eux pour prendre un petit repas, souvent un petit sandwich. Le repas de midi n’est pas une institution aux Pays-Bas.

Les différences en terme de rythme scolaire ne s’arrêtent pas là. Les jeunes élèves hollandais n’ont que 4 semaines de vacances en été et seulement 5 autres semaines réparties sur l’année. Vous vous demandez alors surement : « Comment ça se fait que l’on croise des vacanciers hollandais en France de Juin à Septembre ? ». Et bien la raison est simple : aux Pays-Bas, les départs en vacances l’été se font de manière échelonnée avec un fonctionnement par zones. Tout le monde ne reprends donc pas le chemin de l’école en même temps non plus en même temps. Certains reprennent donc le chemin de l’école des mi-Août, d’autres à la mi-Septembre. Un fonctionnement bien different du modèle français qui nous a fait nous poser beaucoup de questions quant à l’organisation du travail des parents.

Les avis divergent mais tout le monde semble se contenter de ce format qui laisse du temps aux enfants pour s’amuser avec leurs amis.

Faire du vélo

En voyageant à vélo, l’une des premières choses que l’on remarque en rentrant dans un pays, c’est la cyclabilité du territoire. C’est à dire, la façon dont sont pensées, entretenues et utilisées les infrastructures cyclables. Concernant les pays-bas, ce que l’on peut dire … c’est EXTRA-ORDINAIRE ! Nous avons traversé le pays du Sud-Ouest à l’Est et nous avons du prendre environ 98% de pistes cyclables, très bien entretenues. Parfois, elles longent les routes officielles pour les voitures mais elles sont tout de même très agréables. Souvent, elles passent au milieu de forêts, de champs et c’est encore mieux. D’autant plus que les Pays-Bas sont également le pays plat. Nos étapes ne comprenaient que très peu de dénivelé. Le seul ennemi du cycliste est alors le vent fortement présent dans la province de Zélande à l’Ouest, où l’on a croisé énormément d’éoliennes.

Le vélo fait partie intégrante de la culture des hollandais. Nous avons vu énormément de gens sur les pistes cyclables. De tous âges. Des enfants qui sortent de l’école primaire, du collège, du lycée, des étudiants, des personnes âgées revenant du marché avec des sacoches pleines, des professionnels se rendant sur des chantiers, ou allant au bureau. Nous n’avons jamais été seuls bien longtemps sur les pistes.

Dans les villes c’est aussi simple de se déplacer à vélo. Tout le monde respecte strictement les pistes cyclables, très bien délimitées. D’ailleurs si un piéton traine un peu trop sur la piste cyclable, il entendra une horde de sonnettes le rappeler à l’ordre. Cela est aussi valable pour un vélo un peu lent situé au milieu de la piste. Et ce fonctionnement est compris par tout le monde, est très bien accepté et permet une fluidité du traffic de vélos

Parking vélo à la gare Centraal de Rotterdam – 5 190 places

Au niveau du stationnement des vélos, c’est très facile de les accrocher de manière sécurisée partout. A la ville comme à la campagne. Lorsque nous sommes arrivés à Rotterdam, nous avons croisé à la gare un gigantesque parking pour vélo dont vous verrez une photo ci dessus. Ce parking comprend 5 190 places de vélos. Le jour d’après, nous sommes arrivés à Utrecht, où se trouve le plus grand parking à vélo du MONDE avec plus de 12 500 places ! Et il y en a plusieurs autres, plus petits, répartis dans toute la ville. A chaque fois ces parking sont protégés par un gardien. Déposer son vélo est gratuit si la durée du stationnement dure moins de 24h. Un système de code-barre collé sur le cadre et lié à la carte de transports publics permet de réduire d’autant plus le risque de vol.

Les limites de l’utilisation du vélo aux Pays-Bas se situent au niveau de la relation avec les automobilistes qui font assez peu attention à ce qui se passe sur les pistes cyclables au niveau des croisements. Cela nous a paru un peu dangereux mais nous nous en sommes sortis vivant et ce fut une formidable expérience de parcourir tous ces kilomètres en vélo.

Gestion des déchets

Du Nord au Sud et d’Est en Ouest au plat-pays, comme en France, le tri des déchets se fait différemment. D’une ville à l’autre, le nombre de poubelles change et varie de 2 à 4. Le gouvernement Hollandais laisse le choix aux municipalités de demander à leurs habitants de faire le tri dans leurs poubelles ou de ne pas le faire, pour qu’il soit fait de manière plus efficace, plus tard, par des machines dans les centres de tri. Résultat, des règles différentes selon les endroits. Le point positif, la couleur des poubelles est fixe (pas comme en France).

  • Les déchets verts : dans la poubelle MARRON
  • Le papier et le carton : dans la poubelle BLEUE
  • Le plastique, les métaux et les emballages de boisson : dans la poubelles ORANGE
  • Tous les autres déchets : dans la poubelle GRISE

Les contenants en verre se recyclent dans des Points d’Apport Volontaire, ce sont des bacs mis à disposition dans les villes et villages, de la même manière qu’en France.
De la même manière, les textiles doivent être amenés dans d’autres bacs de Point d’Apport Volontaire.

En bref, pas de grandes différences entre notre système et le leur, ce qui nous permet de poser l’hypothèse d’une généralisation des méthodes de tri des déchets au sein des pays européens. Ici comme en France, les personnes avec qui nous avons échangé semblaient exaspérées par les différences entres les régions voir même les villes d’une même région au sein du pays. Cela soulève pour nous la question de savoir « Pourquoi on trie ? » et si les gens prennent vraiment conscience de ce qui est réellement recyclé.

Piqure de rappel, en Hollande comme ailleurs, le plus important n’est pas d’être sûr de ce que l’on met dans la bonne poubelle mais plutôt de ne rien avoir à mettre dans la poubelle – soit éviter notre production de déchets -. Quelque soit le mode de tri, l’important est de ne pas avoir à produire le déchet. Selon nous, cela passe par bien des actions, individuelles et collectives mais aussi par la réduction des emballages par les industriels que l’on retrouve ensuite dans les supermarchés.

Capsule 1 : Une brève HISTOIRE des déchets

Pour mieux comprendre ce qu’est un déchet nous avons discuté avec Emeline Baume, élue à la mairie et à la Métropole de Lyon de ce qu’est un déchet. Vous pouvez en avoir un aperçu dans notre capsule à ce sujet.

On a beau avoir prévu des sacs à vrac pour réduire au maximum nos déchets pendant notre voyage en vélo, on a trouvé assez peu de magasins où il était possible d’acheter nos denrées en vrac et encore bien des légumes sont emballés…

Se rendre compte qu’en France, nous ne sommes peut-être pas les seuls mauvais élèves et pas les pires (l’alimentation au Danemark est encore plus sur-emballée) ne rassure pas vraiment…

Let’s go faire bouger les lignes !

Sources : https://www.francineavelo.com/petit-guide-du-tri-selectif-aux-pays-bas/ / http://www.assises-dechets.org/IMG/pdf/itw_FR_Mansveld.pdf, https://dutchreview.com/expat/recycling-in-the-netherlands/

Des fermiers en colère

La Hollande comprend de très nombreuses exploitations agricoles, plus de 53 000 en 2019. Parmi ces exploitations, la filière bovine laitière est la plus importante en valeur. Il y a plus 1 590 000 de vaches laitières aux Pays-Bas, pour environ 18 000 exploitations laitières. Cette exploitation a un très fort impact sur l’environnement. En effet, ce pays qui exporte près de 3/4 de la viande qu’il produit importe énormément de céréales (du Brésil par exemple) pour nourrir ses animaux d’élevages. On a alors beaucoup d’importations, beaucoup d’exportation mais les excréments et autres sous-produits « indésirables » secondaires d’une exploitation d’élevage restent dans le pays, sur les sols. Cela a pour conséquence directe de causer une forte pollution des sols, de l’eau et de l’air dans les régions concernées.

Pour répondre à cette problématique, le gouvernement hollandais s’est fixé pour objectif, à travers un plan « Azote » de diminuer de près de moitié la population d’animaux d’élevages. Evidement les agriculteurs, directement concernés, lutte à travers un mouvement national de protestation contre ce plan. Ces derniers ont fait beaucoup parler la presse locale et nationale par leurs actions coup de poing de blocage des autoroute avec des tracteurs, de déambulation avec des animaux en ville pour bloquer les activités.

On peut reconnaitre les soutiens aux fermiers à la mise en avant du drapeau néerlandais renversé. On le voit énormément dans l’Ouest du Pays. Beaucoup, sinon quasi la totalité des maisons arborent ce drapeau renversé en signe de soutien aux éleveurs.

Si la protestation est forte, la réduction des émissions de produits azotés produits par ces activités agricoles n’en est pas moins primordiale. Les agriculteurs protestent cependant contre le gouvernement de centre-droit qui n’est pas vraiment moteur et qui agit surtout sous la contrainte car en 2019, un tribunal l’a condamné à respecter ses engagements passés contre les gaz à effets de serre.

Cette crise pose également la question de l’accompagnement au changement des pratiques agricoles. Si ces dernières doivent changer pour être plus vertueuses, l’Etat, et l’Union Européenne par le biais de sa Politique Agricole Commune, ont un rôle important à jouer dans cette transition.

En France, le réseau Solidarité Paysans accompagne et défend tout agriculteur confronté à des difficultés économiques, administratives, juridiques ou sociales sur son exploitation. Pour répondre à cette mission il pose notamment la question du changement de pratiques agricoles tout en respectant les souhaits et projets des agriculteurs. L’accompagnement entend répondre à la demande du paysan, qu’elle soit de continuer ou de quitter le métier. Autonomie des personnes, construction des plans de sortie de crise, indépendance à l’égard des créanciers sont des facteurs importants à absolument prendre en compte. Vous pouvez lire leur dossier complet :

Sources : https://www.rfi.fr/fr/europe/20220623-pays-bas-manifestation-des-agriculteurs-en-colère-contre-la-réduction-du-cheptel, https://www.courrierinternational.com/article/environnement-aux-pays-bas-l-explosion-de-colere-des-agriculteurs-contre-les-plans-azote-du-gouvernement

Les déserts verts

Quand nous sommes arrivés aux Pays-Bas, nous avons été surpris par le nombre d’animaux présents sur notre route ou dans les champs et autres espaces aux alentours. Nous avons trouvé qu’il y en avait beaucoup. A y réfléchir, nous avons surtout vu des canards et autres oiseaux en tout genre, évoluer de manière plutôt sereine au milieu des pistes cyclables et autres interfaces entre l’homme et le territoire. Ils n’avaient pas peur, ils faisaient leur vie, nous ne leur voulions aucun mal. Nous avons aussi remarqué ces grandes étendues vertes. Une des personnes que nous avons rencontré nous a parlé de son enfance à la campagne dans ce même milieu. Il nous a surtout parlé de la déchéance du territoire et à quel point la biodiversité était incroyable lorsqu’il était enfant par rapport à ce que l’on peut voir aujourd’hui.

« Les jeunes agriculteurs qui occupent aujourd’hui ces grands espaces sont plutôt satisfaits du nombre d’espèces présentes. La réalité, c’est qu’aujourd’hui les sols se sont terriblement appauvris, pollués et que la biodiversité a complètement déserté depuis mon enfance. Aujourd’hui, ces territoires sont tristes »

Michiel, à Utrecht, Pays-bas

Quésako les « Déserts Verts » ?

Derrière ce terme un peu mystérieux se cachent une réalité de notre temps assez dramatique provoqué par l’agriculture intensive. L’équipe du site Aujardin.info a rédigé une fiche qui explique assez bien le phénomène. Nous vous en mettons quelques extraits ici :

« Le phénomène est provoqué par la monoculture intensive de plantes à l’échelle industrielle. Les surfaces agricoles se voient ainsi recouvertes sur des centaines, voire des milliers d’hectares d’une seule et même espèce produite à grands renforts de produits phytosanitaires aussi dangereux pour l’homme que pour les animaux. En résulte une disparition des espèces botaniques indigènes et de toute une faune essentielle à l’équilibre de ces terres. Peu à peu, ces surfaces perdent tout attrait écologique et se transforment en déserts verts ou seule subsiste la culture intensive.

La France compte près de 32 millions d’hectares de surfaces agricoles, qui ont vu disparaître des populations entières d’oiseaux et autres petits animauxpollinisateurs dont les abeilles de plus en plus décimées par ces pratiques. En Europe, les populations d’oiseaux des zones agricoles ont chutées de 30 à 40 % en moyenne depuis les années 90. Ces animaux doivent non seulement s’adapter à un milieu qui ne leur convient pas en terme de biodiversité mais aussi survivre aux divers poisons ingurgités via les végétaux, l’eau et les insectes contaminés par les pesticides et autres insecticides. Autant dire que leur survie est gravement menacée.

Les solutions pourtant existent : une mise en valeur de l’agriculture biologique où l’usage de produits phytosanitaires strictement réglementé et d’origine non chimique serait une solution. On constate d’ailleurs que lorsque celle-ci est pratiquée, même en monoculture, la faune est plus présente et reste préservée. Mais la diversité reste un autre paramètre essentiel ; Ces cultures devront être associées à des zones de jachère apicole, où les agriculteurs en partenariat avec les apiculteurs travailleront à une meilleure gestion des terres en semant des graines destinées à la fois à enrichir le sol mais aussi à nourrir sur une longue périodes les insectes indigènes. »

En France, des associations se battent pour préserver la biodiversité ordinaire en déclin. C’est notamment le combat de Pollinis, qui se bat pour la protection des abeilles domestiques et sauvages, et pour une agriculture qui respecte tous les pollinisateurs. Ou encore celui de l’association Biodiversité sous nos pieds, qui lutte contre le déclin de la biodiversité des sols, notamment les espèces de ver de terre indispensable à la survie des sols.

Sources : https://www.aujardin.info/fiches/deserts-verts.php


On espère que vous avez apprécié l’ARTICLE sur les Pays-Bas. N’hésitez à venir en discuter avec nous dans les commentaires ou sur nos réseaux sociaux.