Un hiver en Allemagne

L’Allemagne, ou république fédérale d’Allemagne, est un pays d’Europe centrale comptant quatre grandes métropoles : Berlin, Hambourg, Cologne et Munich. A cette heure, nous en avons découvert deux d’entre elles ; Berlin et Hambourg, deux villes à l’ambiance et au caractère bien différents.

Peuplé de plus 84 millions d’habitants, ce pays a l’Histoire riche n’a eu de cesse de nous surprendre lors des trois mois où nous y avons séjourné. Parce que oui, nous y avons passé trois mois, les trois mois d’hiver du côté Est du pays. Autant vous dire que l’on nous a demandé plus d’une fois ce que nous faisions à vélo dans ces contrées à cette période de l’année.

Nous ne pourrons pas dire que nous n’avions pas été prévenu, de bonnes amies Berlinoises nous avaient dit « ne venez pas à Berlin en hiver, il y fait gris pendant trois mois ». N’avons nous pas écouté ? Avons nous voulu vérifier ? Certainement puis que ce sont précisément sur ces mois, de décembre à mars que nous avons posé nos sacoches, de peur d’affronter un froid trop froid sur nos bicyclettes…

Carte de l'Allemagne - map monde

Laissez moi vous conter nos impressions sur ce pays pourtant voisin du notre qui nous a appris de bien belles choses.

Un pays décentralisé

Nous ne pouvons visiter l’Allemagne sans replonger dans l’Histoire avec un grand H. Aujourd’hui encore, nombreux sont ceux, à l’Est, toujours marqués par les événements du siècle dernier encore perceptibles dans l’air ambiant dans des villes comme Berlin. Les deux guerres mondiales, la séparation du pays, la chute du mur, la reconstruction… Monuments, tags, discussion avec des habitants, nombreuses sont les fois où le passé a fait irruption dans le présent. Loin de nos livres d’Histoire, ces témoignages encore brûlants de ce qui a été vécu nous a profondément marqué, questionné sur notre façon d’apprendre du passé. Si le pays est aujourd’hui unis, les enjeux économiques et sociaux à l’Est et à l’Ouest sont encore bien visibles.

Lors de la réunification du pays en 1990, le traité d’unité contraint le pays a être décentralisé. Composé de Landers, les unités administratives sont réparties dans le pays. Je ne suis pas très douée en politique, ni ne peut me permettre un jugement sur la pertinence ou non de cette décision, cependant il me semble qu’aujourd’hui, au vue de la nécessité de prendre part au débat public, l’implication citoyenne semble plus facile à ce niveau. De plus, cela a conduit à une urbanisation modérée. En effet, la où en France, seule quelques grandes villes abritent la majorité de la population, ont une offre culturelle variée et des connexions ferroviaires efficaces, l’Allemagne nous a charmé par la facilité à se déplacer en train à bon prix, la connexion des petites villes et le dynamisme des villes moyennes que nous avons visité.

Beaucoup ont des théâtres, des philharmonies ou de grands musées, souvent accessibles au plus grand nombre. Ça nous a montré les atouts d’une ville dynamique sans être une métropole. Atout manquant dans bon nombre de villes françaises…

Des villes vertes

A cet accès à la culture et aux transports vient s’ajouter le design urbain des villes. Combien d’entre elles, construites autour d’une rivière ou d’un canal, en ont aménagé les abords pour créer des promenades agréables et verdoyantes pour piétons et cyclistes ? Combien de parcs et d’espaces verts ?
Nous ne ferons pas les calculs et nous baserons sur nos impressions, subjectives certes, mais provoquant ce sentiment de bien être à arpenter les rues et les parcs. Que ce soit à Berlin, à Leipzig, à Dresden ou Pirna, il est agréable et surprenant d’e dénombrer d’avoir autant de grands espaces où se promener et stimulant l’imagination des petits et des grands.

Une cyclabilité facilitée mais des voitures prioritaires

Qui dit voyage à vélo, dit vélo et dit besoin de sécurité. Entre les deux mon coeur balance !
De nombreuses pistes cyclables en plus ou moins bon état, plus ou moins sécurisées, mais bien présentes traversent l’Allemagne. À Leipzig, la principale ville où nous avons pédalé, le vélo a sa place, ses voies, ses espaces de stationnement… bref, plutôt positif. Pourtant, il ne faut pas s’y méprendre, si l’agencement urbain prend en compte les cyclistes, rien ne dit que les conducteurs le feront et il faut bien avouer que l’Allemagne n’est pas réputée pour être le pays de l’automobile pour rien. Peu de passages piétons, la voiture toujours prioritaire sur piétons et cyclistes, des fins de pistes arrivent sur des voies dangereuses… ça n’a pas toujours été une partie de plaisir de se faire un chemin au milieu de ce tout voiture.

Alors s’il faut bien avouer qu’il existe des pistes, nous nous rendons bien compte que sans une politique plus respectueuse, dans le code de la route par exemple, envers cyclistes et piétons, nous (cyclistes) seront d’avantages considérés comme des casses pieds que comme des personnes se déplaçant à l’aide d’une moyens plus doux.

Le repas du soir – Abend brot

Pas de visite d’un nouveau pays sans s’essayer à l’alimentation locale, ou du moins aux habitudes alimentaires locales.

Vous vous demandez sûrement où nous avons passé nos 3 mois de pause. Nous avons intégré une famille Allemande en mode « couple au pair » pour aider et partager les habitudes familiales du pays.
L’une des principales : Abend Brot, le repas du soir (c’est à dire à 18h). À base de pain, de fromage et de petites tartinâdes, il est rapidement préparé et avalé. Vous auriez du voir la tête de Theo le premier soir. Il m’a dit : « Je ne tiendrais jamais 2 mois à manger cela ». Et vous savez quoi, il a mangé ça tous les soirs pendants 2 mois. Parce qu’on s’habitue vite. Ne pas avoir à préparer à manger, juste poser le plateau sur la table. Le plaisir de partager en famille plutôt que de cuisiner seul.
Des habitudes alimentaires qui questionnent sur nos choix alimentaires et nos moments en famille. Ca questionne également la manière de découper la journée. Parce que manger à 18 heures, c’est comme avoir une seconde journée après du dîner.

Des mines et des lacs

Allez sur Google Maps et vous zoomez un peu sur Leipzig (ou n’importe qu’elle autre ville d’ailleurs). Vous pouvez observer un grand nombre de lacs entourant la ville, ainsi que quelques tâches jaunâtres peu identifiables. Et bien, ce sont des mines, désaffectées ou toujours en exploitation de charbon et de lignite.

Nous ne pouvions pas quitter cette ville sans être aller voir de nos yeux ce sombre spectacle. Sur plus de 30 km², s’étend la mine que nous sommes allés voir. Elle qui défigure le paysage et détruit la biodiversité des lieux. 

Ces espaces, indénombrables en Allemagne, aux abords des grandes villes comme des petits villages, sont les marqueurs de la grande accélération et de la nécessité urgente de ralentir. Vous avez peut-être déjà entendu parler du village de Lützerath détruit en début d’année pour l’agrandissement d’une de ces mines.

Un soleil absent

Mes petits mots touchent à leur fin, j’espère vous avoir amené un petit peu avec moi dans mon expérience allemande. J’avais déjà passé quelques temps dans ce beau pays mais jamais du cote Est. Je savais déjà que j’aime cette langue mais je n’ai toujours pas réussi à l’apprendre. J’étais prévenue que le soleil ne se montrait guère. Avouons qu’il nous a particulièrement manqué entre les semaines de pluie, les semaines de vent et les semaines de neige. L’hiver ne nous aura pas épargné mais ça ne nous sommes tout de même convaincus que nous reviendrons. Parce que l’Allemagne nous apprend à aimer et chérir le présent tout en comprenant le passé.