Vous connaissez surement la Suède pour ses légendes nordiques dont s’inspire les créateurs de Comics et de BlockBusters américains de chez Marvel. Vous la connaissez aussi peut-être pour ses succès à l’Eurovision, avec notamment ABBA en 1974. Ou encore pour sa réputation internationale de pays avancé en termes de droits humains, d’éducation, et de protection de l’environnement. C’est en effet le pays ayant le 7ème meilleur Indice de Développement Humain (IDH) en 2019. A titre de comparaison, la France est 26ème la même année.1
Politiquement, la Suède est une monarchie parlementaire où le roi Carl XVI Gustaf n’a qu’un rôle représentatif. Cette monarchie a un passé lié aux autres monarchies scandinaves puisqu’aux XVème et XVIème siècles le Danemark, la Norvège et la Suède ne formaient qu’un seul royaume sous le nom d’Union de Kalmar.
La superficie de la Suède représente environ 2/3 de la superficie de la France pour une population ne représentant que 15% de la population française. Ce grand pays est donc très peu dense, il nous est arrivé de rouler plusieurs jours à vélo sans croiser le moindre signe de vie humaine.
Avec cet article, on vous invite à découvrir la Suède à travers nos yeux.
Une nature omniprésente
Les forêts
Plus de la moitié de la surface de la Suède est recouverte de forêts. Ces espaces naturels ont fait partie de notre quotidien et sont très importantes dans la culture suédoise. Nous n’avons pas compté le nombre de cueilleurs que nous avons croisés sur les sentiers, lorsque l’automne s’est installé, à la recherche de baies et de champignons. Parfait terrain le chasse, abritant de nombreuses cabanes d’observations pour les chasseurs. Nous avons d’ailleurs parfois eu peur de nous aventurer sur certains chemins forestiers pour cette raison.
Les forêts sont également une ressource importante pour chauffer la population, construire des maisons et autres infrastructures. Aujourd’hui, la forêt est davantage exploitée pour son bois et notamment pour alimenter les forges du Nord, de papier et pour la production énergétique 2.
Les lacs
Des lacs, des lacs, des lacs. Il y en a partout ! Petits, grands, cachés… On s’est renseigné, il y a plus de 92 000 lacs de plus de 1ha. Cela représente environ 9% de la surface de la Suède. Le plus grand s’appelle Vänern et est également le plus grand d’Europe. Nous n’en avions jamais vu autant. Imaginez nous, nous exclamant à chaque nouvelle étendue d’eau s’offrant à nos yeux (c’est à dire parfois toutes les 10 minutes). C’était très impressionnant et toujours magnifique. Fabuleux berceaux de biodiversité, nous y avons observé de nombreux oiseaux migrateurs, prenant la route vers le Sud, lorsque nous montions de plus en plus haut.
Le droit à la nature
La Suède et les suédois ont un lien très fort avec la Nature à tel point qu’il existe une loi, connue sous le nom d’Allemansrätt, qui garantit constitutionnellement le droit d’accès à la nature. Chacun est libre de jouir de la nature. Tant que vous ne dérangez ou ne détruisez pas cette nature, vous avez le droit d’y faire ce que vous voulez. Le droit de vous rendre partout, même sur des propriétés privées. Le droit de camper et de vous réchauffer autour d’un feu.
Alors on s’est laissés aller à jouir de la Nature, dans un pays qui fait tout pour vous faciliter la vie. Les autorités des différentes provinces suédoises mettent souvent à disposition des shelters (Vindskyddskartan) comme ceux que l’on a pu voir à Danemark. Ils sont parfois un peu difficiles d’accès, surtout quand on essaie de les atteindre à vélo. Mais nous nous sommes toujours retrouvés dans des endroits magiques, perdus au milieu d’une immense forêt ou au bord d’un grand lac, avec un accès par des chemins de broussailles ou bien à l’aide de petits radeaux de fortune. Nous avons adoré en faire l’expérience, presque tous les soirs de notre périple de Göteborg à Stockholm. Il est facile de les localiser avec un accès internet, sur le site Vindskyddskartan.se.
Une cyclabilité fluctuante
Dans le pays
Tout comme au Danemark, ce grand pays n’est pas doté de nombreuses pistes cyclables grandes distances le parcourant en long, en large et en travers, comme cela peut être le cas en Hollande. Cependant il existe tout de même de grand itinéraires cyclables comme notamment le réseau cyclable Sverigeleden. Ces itinéraires sont, la plupart du temps, sur des petites routes de campagne goudronnées ou sur des pistes en gravier compact, avec assez peu de passage automobile. Cela dit il nous est arrivé de faire quelques centaines de mètres sur des routes nationales. Nous avons parfois dû quitter ces grands itinéraires pour atteindre les Shelters les plus proches pour passer la nuit. Avant de franchir la frontière Suédoise, on nous avait conseillé de rester sur le réseau cyclable Sverigeleden pour profiter au mieux de l’expérience. Au début, on a pas écouté, on en a fait qu’à notre tête, résultat, on s’est souvent retrouvés sur des chemins de terre ou des graviers dans des endroits loins des villes et des villages. Alors, on vous conseille de suivre le réseau cyclable si vous envisagez un périple à vélo en Suède, et on vous conseille de nous écouter Ahah.
En ville
Le pied ! Quand on arrive en ville, faire du vélo est vraiment une partie de plaisir. Il faut le dire, la Suède a une excellente cyclabilité dans les villes, de toutes tailles. Elles sont – la plupart du temps, et surtout les grandes villes comme Stockholm, Göteborg ou Malmö – très bien équipées en infrastructures cyclables. Nous nous sommes particulièrement régalés à Malmö où il n’est presque jamais nécessaire de quitter une piste cyclable et où tous est accessible à vélo en moins de 20 minutes. Et quelque soit la saison, cela ne trompe pas, les habitants de ces villes utilisent le vélo pour se déplacer. Alors, on s’y met quand en France ?
La Suède en avance sur les déchets ?
Une gestion exemplaire
La Suède est souvent présentée comme l’un des pays les plus en avance sur les thématiques environnementales. On parle souvent de la Suède en montrant leur système éducatif très proche de la nature ou leur système de collecte et de recyclage des déchets. Aussi la plupart des suédoises et suédois sont fortement impliqués dans le tri des déchets. Ainsi ils sont fiers de leurs comportements « éco-responsables ».3 Bon nombre de nos hôtes y ont d’ailleurs fait référence lorsque nous leur présentions le projet Déchets d’Œuvre.
Ils ont depuis les années 80s un système de consigne sur les canettes en aluminium et depuis les années 90s sur les bouteilles en verre.4 Lorsqu’ils ramènent ces articles au conteneur, ce dernier rend la consigne, quelques centimes par canette et par bouteille. Les Suédoises et suédois consomment en moyenne 2 milliards de bouteilles en verre par an. En les ramenant à la consigne, ça fait pas mal d’argent qui tourne dans la poche des consommateurs tout en permettant de valoriser et recycler les contenants.
Si les taux de recyclage sont plutôt bons, il n’en reste pas moins que la Suède incinère plus de la moitié de ses déchets pour produire de l’énergie (chauffage urbain, électricité) une bonne solution à court terme pour faire face aux crises énergétiques qui inquiètent beaucoup les suédois. La conséquence de cette technique est la nécessité d’avoir des déchets à incinérer. La Suède se met d’ailleurs à importer des déchets des autres pays européens pour faire tourner ses usines d’incinération à plein régime lorsque sa production de déchets diminue. 5 On peut voir les effets pervers de cette sur-industrialisation de la valorisation des déchets. Elle incite à produire davantage de déchets à une échelle macro-économique et a également son lot de dangers notamment liés à la production et à l’émission de polluants atmosphériques. Cette gestion dite exemplaire des déchets n’est donc peut-être qu’un prétexte pour consommer davantage. Un autre exemple de paradoxe de Jevons, aussi connu sous le nom d’effet rebond. 6
La surconsommation
Nous avons été surpris, dès notre arrivée en Suède, du nombre de centre commerciaux en zone urbaine. Il y en a littéralement à tous les coins de rue à Stockholm par exemple. Les suédois sont aussi les champions européens de la consommation. Plusieurs témoignages de suédois et non-suédois vivant en Suède, que nous avons rencontré, convergent pour affirmer que les habitudes de consommation des Suédoises et Suédois se rapprochent de plus en plus de celles de nos amies et amis américains. On a alors d’un côté une bonne gestion des déchets, et de l’autre une omniprésence des totems de la consommation.
Si on prend un exemple un peu plus concret. A notre arrivée, nous avons été agréablement surpris, par le nombre de magasins de Seconde Main, les fameux 2nd Hand Shops. On sait comme c’est compliqué de trouver son bonheur en seconde main en France, sachant qu’il existe encore peu d’offre dans certaines villes. En Suède, on peut dire que c’est tout le contraire. Il est très facile de trouver des magasins de vêtement mais aussi de plein d’autres types de biens matériels en seconde main. Le tout, en très bon état et à des prix très accessibles. Mais pourquoi y a t-il tant d’offre de seconde main en Suède ?
L’une des raisons principales est liée à la sur-consommation d’articles de fast-fashion. Selon ces mêmes témoignages, beaucoup de gens profitent de la possibilité de se débarrasser facilement de leurs vêtements. Déposer les vêtements dont on ne veut plus en magasin de seconde main offre au client la « bonne conscience » d’éviter de produire un déchet. Alors on ne dit pas ici qu’il ne faut pas donner en magasin de seconde main MAIS que pour éviter d’avoir des magasins de seconde main avec de la fast-fashion, il faudrait peut-être « éduquer » la société à ce qu’elle achète, donne et à la manière dont elle le consomme.
Fast-Fashion kesako ? Comme son nom l’indique, la fast-fashion est un phénomène de mode rapide. Les enseignes de fast-fashion comme H&M, Bershka ou encore Zara proposent non plus 4 collections par an en suivant le cycle des saisons mais plutôt plusieurs collections par mois. Certaines marques en ligne comme Shein proposent même plusieurs collections par semaine7. Evidemment, ces marques ont un impact social et environnemental désastreux comme nous l’avons évoqué avec Estelle et Jean-Guillaume dans nos Capsules Circulaires. Vous pouvez également retrouver sur notre site une série d’ARTICLES sur les impacts de la filière textile. Alors, on s’informe, on boycotte ces marques, on réfléchis à ce dont on a vraiment besoin et on consomme du 2nde Main et/ou des marques éthiques et durables.
Quid du plastique
Si on résume, en Suède, l’éducation au tri et au don d’objets ou de textiles est très bien faite. Cependant, que ce soit au niveau de la filière textile ou dans les supermarchés, la prévention et la réduction des déchets en amont du consommateur ne semble pas être à l’ordre du jour. Il est quasiment impossible, surtout dans les petits magasin de campagne, mais plus généralement dans tout le pays, de faire des courses « zéro déchets ». Les magasins en vrac sont très rare dans la capitale (2-3 épiceries) et totalement absents dans le Nord du pays. Et dans les supermarchés, le moindre aliment est recouvert de plastique. Vous voulez un concombre ? Plastique. Un poivron ? Plastique. N’importe-quel fruit ou légume ? Plastique. C’était assez déconcertant, pour nous qui avions l’habitude d’éviter les aliments emballés. Pauline a même cousu des sacs à vrac avant que nous partions pour éviter de produire des déchets d’emballage pendant le voyage. Malheureusement, en Suède, il n’ont que très peu été utiles. Si on retourne sur notre ARTICLE concernant les principes de l’Économie Circulaire, on se rappelle que le recyclage doit toujours être une solution de dernier recours. Alors, on peut se dire maintenant que le positif, c’est que la marge d’amélioration est grande !
Autres faits marquants
Noël début Novembre
Dès le début du mois de Novembre, au lendemain d’Halloween, surprise ! Les décorations et illuminations de Noël ont fait leur apparition un peu partout, dans les magasins, aux fenêtres, dans les villes. Les jours étant de plus en plus courts, on se retrouve assez vite dans cette ambiance nocturne féerique de Noël. Des bonnets rouges à pompon blanc, des guirlandes lumineuses et même des sapins. Nous avons été immergés dans cette ambiance pendant un bon moment. À cela s’ajoute les marchés de Noël qui ont commencé à prendre place dès la mi-Novembre en Suède et à Copenhague. Alors si vous êtes un grand fan de Noël, on vous conseille la Suède en hiver. Il y a de quoi croire au Père-Noël.
Des facteurs anglais ?
Dans le genre curiosités suédoises mais qui n’a aucun lien avec Noël ou l’hiver, j’appelle…les voitures des facteurs ! En Suède comme en France, les voitures habituelles sont dotées d’un volant à gauche et roulent à droite. Le conducteur se trouve donc au milieu de la route lorsque la voiture roule. En Suède, pour gagner du temps lors de la distribution du courrier, les facteurs prennent place à droite de la voiture. Les voitures de livraison de courier PostNord sont donc conçues comme à l’anglaise. Les facteurs n’ont de fait, pas besoin de descendre dans le froid de l’hiver pour livrer le courrier. D’autant plus qu’en général à la campagne, toutes les boîtes aux lettres d’un même groupe de maisons ou d’un quartier sont agrégées au même endroit, à la droite de la route dans le sens de parcours du facteur. J’imagine que cette astuce représente un fort gain en efficacité et en confort pour le facteur. En tout cas, nous, on a trouvé ça très marrant, on a même arrêté un facteur pour lui demander une photo.
Des lumières aux fenêtres
Quand on voyage à vélo, on a tendance à observer tout ce qui se passe autour de nous. Dès notre entrée en Suède, on a remarqué – intrigués – toutes ces lampes aux fenêtres des maisons suédoises. Quelque soit la fenêtre que vous regardez, depuis l’extérieur de chaque maison, vous pouvez observer une lampe, posée sur le rebord de la fenêtre, allumée dès 16 heure, même au milieu de la campagne. Nous avons « investigué » et interrogé plusieurs suédoises et suédois à ce propos pour en connaître la raison. Incontestablement, il s’agit là aujourd’hui davantage d’une coutume, d’une tradition. Quelque chose qu’ils ont toujours faits. Parfois ils ne connaissent même pas la raison originelle de cette coutume. Certains nous ont raconté que cela viendrait du fait qu’en hiver les journées sont très courtes (voire ne durent que quelques minutes par jour dans le Nord). Alors pour pallier ce manque de lumière naturelle, ils installent des bougies ou lampes électriques aux fenêtres. Cela leur donne l’impression qu’il y a toujours de la lumière venant de l’extérieur. Les hivers sombres sont alors plus facilement supportables.
Des frigos rigolos
Avez-vous déjà lu ou vu Le Seigneur des Anneaux ? Imaginez maintenant la Conté, ce pays magnifique où vivent les Hobbits dans les comtes de Tolkien. Les Hobbits vivent dans des maisons semi-enterrées. Aujourd’hui quelques projets architecturaux conçoivent des maisons écologiques sur ce modèle. Mais en Suède cela fait très longtemps qu’on peut déjà voir ces sortes de maisons. À la seule différence près que ce ne sont pas des maisons mais seulement des « réfrigérateurs » naturels. Ils fonctionnent sans électricité ni autre énergie. Leur fonctionnement se base sur le fait que la température du sol à partir de 30 à 50cm est très stable pendant l’année. Et plus on descend en profondeur, plus la température est stable. Elle se trouve à environ 13°C, ce qui est un bon moyen de conserver ces aliments. Surtout en été.
Notre tour de Suède à vélo s’est terminé en cette fin Novembre 2022. Nous repartons de ce pays scandinave avec des souvenirs pleins la tête, de très belles rencontres et un amour inconditionnel pour la nature. On reviendra, c’est certain8.
On espère que vous avez apprécié cet ARTICLE sur la Suède. N’hésitez pas à nous donner votre avis et à venir en discuter avec nous dans les commentaires ou sur nos réseaux sociaux.
Références
- Programme de Développement des Nations Unies – Human Development Report 2021/2022 [↩]
- Article Les Échos – La forêt Suédoise fait feu de tout bois[↩]
- Article L’InfoDurable – Suède : le numéro un mondial du recyclage[↩]
- Swedish Institute – La Suède vise zéro déchet[↩]
- Le Monde – A force de recycler, la Suède doit importer des déchets[↩]
- Paradoxe de Jevons[↩]
- On parle ici de ces marques mais on ne veut pas du tout en faire la promotion. Au contraire. Vous trouverez des articles de mode éthiques, responsables et durables sur wedressfair.fr par exemple[↩]
- Pauline : « J’avais déjà dit ça la dernière fois ! »[↩]